samedi 27 février 2010

Les voix amies au téléphone (suite)

Addis Abeba, 1982
Milanka et Alberto (2) voir le 17 février

Ils furent parmi nos meilleurs amis pendant toutes nos années en Guinée Bissau.
Ils se connurent sur les bancs de l’Université à Belgrade où ils étudiaient tous deux l’architecture.

Leurs diplômes et leur certificat de mariage en poche, Alberto (dit Tino) revint en Guinée-Bissau, son pays, accompagné de son épouse yougoslave. La lutte armée pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert n’était pas terminée et ils se joignirent aux combattants. J’ai toujours eu du mal à m’imaginer cette grande et mince jeune femme, aimable, calme et réservée, pataugeant en treillis dans la brousse, l’arme à l’épaule. Et pourtant…

Lisbonne 1991

Nous avions en eux des amis dévoués, cultivés – je ne sais plus en combien de langues ils pouvaient tous deux s’exprimer, dont le français – et d’une exquise politesse qui peut seulement être la fusion d’une bonne éducation européenne et de l’urbanité et de la courtoisie africaines.

Que de bons souvenirs nous avons en commun avec d’autres complices de l'époque! Nos équipées sur la belle plage de Varela, au nord de la Guinée-Bissau, (à laquelle participa une fois l’ami Ruy qui va venir tout à l’heure prendre son petit café du samedi matin !), les fêtes du samedi soir qui s’achevaient à l’aube sur une gamelle de spaghetti que notre amie Gabriella, nostalgique de son pays, nous préparait à 4 heures du matin, les parties de canasta, de poker à un centime de peso la mise minimum, les perdants alimentant la cagnotte qui servirait ultérieurement à organiser une nouvelle fête, etc…

Pendant tout notre séjour, de 1978 à 1991, Alberto fut Ministre des Travaux Publics ( à part une incursion à la tête de L'industrie et de l’Energie), et Milanka son Directeur Général de L’urbanisme.

Cette belle complicité prit fin, il y a quelques années, par le brusque décès d’Alberto, qui repose dans son pays. Milanka vit maintenant à Lisbonne à proximité de leur fille, Viki et de leur fils Nino (que nous avons connu nourrisson !). Ils ont repris le flambeau familial : ils sont tous deux architectes…

Milanka et son petit-fils













Quant à Pedro, il est un peu prématuré de faire des pronostics sur l'avenir professionnel de ce beau petit garçon aux yeux bleus...

mercredi 24 février 2010

Anniversaire

Vendredi dernier, nous nous sommes rendus chez nos amis Fogaça et Malu. Motif : anniver-
saire du maître de maison. Heure prévue : 20 h 30. Pourquoi avons-nous gardé cette sotte habitude (surtout au Brésil !) de respecter les horaires prévus ? A notre arrivée, nous franchissons sans difficulté la porte d'entrée, accueillis par le gardien commis pour la soirée à la surveillance des véhicules. Connaissant les lieux, nous traversons l’atelier du peintre. Personne à part un gamin qui surfe sur internet dans un coin. Nous sortons sur la terrasse. Là 2 ou 3 personnes conversent à une des nombreuses petites tables dressées autour du bar. L’une d’elles vient nous saluer (qui diable cela pouvait être ? il avait pourtant l’air de nous connaître !) et nous apprend que toute la famille est sous la douche ! De fait, quelques minutes après apparaît Malu, suivie de Fogaça, de Kahena, leur fille, et de Carlos, un Chilien de passage et son épouse, hôtes de la famille. On ne nous a pas menti : tous fleurent bon la savonnette et ont le cheveu mouillé !!
La plupart des invités ont débarqué entre 9 et 10 heures, à l’exception du gros de la troupe qui a fait son apparition à
11 heures…Mais ces derniers arrivés ont apporté un second souffle à la soirée en improvisant un petit concert, réunissant agréablement tout ce qui fait la réputation du Brésil : musique, chant rythme et gaîté….. avant la ruée sur le gâteau d’anniversaire et le champagne argentin (amené par le Chilien !)

Toujours attentifs au bien-être de leurs vieux copains français, Malu et Fogaça ont délégué ce jeune couple pour nous raccompagner à notre logis... ce qui a été fait avec la plus grande gentillesse...


PS. Je viens de m'apercevoir que j'ai oublié de goûter le gâteau! Ce sera pour l'année prochaine....

lundi 22 février 2010

Double identité!

Maura (je ne vous la présente plus) arrive chaque matin avec ce petit journal dont elle paraît se régaler. Une vraie feuille de chou locale !

L’identité de la belle qui exhibe aujourd’hui son anatomie en première page a de quoi rendre songeur : entre Thaïs, la jolie courtisane (mais qui se repend et entre au couvent) de l’Opéra de Jules Massenet et d’Avila (Thérèse),la mystique carmélite, la demoiselle, malgré les apparences, devrait logiquement sauver son âme !

dimanche 21 février 2010

Je ferais admirablement remarquer aux hommes politiques qui me prennent pour un rigolo que ce n'est pas moi qui ai commencé!
Michel Colucci, dit COLUCHE (1944/1986)

A méditer, en cette période pré-électorale...

vendredi 19 février 2010

Nostalgie

Hier, en effectuant une recherche sur Clint Eastwwood dont je suis une grande admiratrice, je me suis rappelée avoir vu en 1972 son premier film en tant que réalisateur « Un frisson dans la nuit » (Play Misty for me ). Au cours de ce film très angoissant, Eastwood, en bon cinéaste et fin mélomane, avait inclus, sans doute pour que le spectateur stressé puisse se détendre un peu, une scène très bucolique entre lui et sa partenaire, accompagnée d’une chanson magnifiquement interprétée

Comme j’en parlais avec un ami, partageant son temps entre les Etats-Unis et la France, il s’exclama « oui, je la connais, c’est Roberta Flack ».. Inconnue en France, débutante aux USA malgré déjà, à cette époque, un répertoire de 600 chansons! L’initiative du cinéaste d’inclure dans son film Roberta Flack chantant « The first time ever I saw your face » fut le coup de pouce qui manquait à la géniale musicienne et interprète, dont la carrière décolla pour ne plus se poser ! Vint ensuite le fameux « killing me softy » (mais oui, vous connaissez, cherchez bien !) qui fut un succès planétaire.

L’année suivante à son retour des USA, notre ami avait dans ses bagages mon cadeau d’anniversaire : le premier album (1970) de Roberta Flack…

J’ai sorti le disque ce matin, regardé la dédicace de Frédéric, écouté la fameuse chanson.
Et cela m’a rendue si triste que je vous « raconterai » notre ami disparu une autre fois…

mercredi 17 février 2010

Les voies amies au téléphone

La semaine dernière, j’ai eu les très bonnes surprises de recevoir deux longs appels téléphoniques de Christine et de Milanka.


Christine et Mauro. (1)

Christine fut l’épouse du peintre vénézuélien Mauro MEJIAZ (1930/2000). Ce dernier naquit dans un petit village du Vénézuela, de mère indienne et de père italien. Il est à penser que ce père ne joua pas un grand rôle dans sa vie car il fut élevé dans la tribu de sa mère. Je ne sais par quel miracle il put néanmoins étudier aux Beaux-Arts de Valencia, à 150 km de Caracas, de 1948 à 1952..Après de nombreuses expositions et des prix de peinture et de sculpture dans son pays, il s’installe en France en 1964. Expositions à Paris, Stockholm, Bonn, Hambourg, Vienne, Barcelone, Genève, Turin, Bogota, Caracas, etc…

Nous avons connu Mauro à Stockholm en 1967 lors de son exposition à la Galleri Latina. Je me souviens que sa barbe sombre et son regard fixe et inquiétant (attitude dont il jouait savamment !), décontenançaient quelque peu les pâles Suédois ! Quant à Christine, nous l’avions rencontrée à Art Club à Antibes en 1970, lors d’une exposition à laquelle participait son mari..

Mauro MEJIAZ est un peintre qui utilise de belles couleurs pour créer des images inquiétantes. Un monde proche de la science fiction et qui pénètre au plus profond de l’être humain
Heral Tribune – 1968

…. Nous voici brusquement plongés dans des abîmes organiques, démesurément grossis, d’un être dont nous ignorons tout….
José Pierre - 1968

En dépit d’un parcours international, de nombreuses expositions en France, des critiques les plus élogieuses de la presse et le soutien des inconditionnels de la peinture surréaliste et onirique, il pouvait se passer des années avant que le peintre vende une oeuvre à nos compatriotes. La vie du couple ne fut pas un long fleuve tranquille. D’autant que la maison de l’Oise était bien remplie : Christine eut 3 garçons, auxquels vinrent s’ajouter 5 des fils vénézuéliens de Mauro. Notre ami avait reconstitué sa tribu…

Tableau de notre collection.
"Attachement aux vertèbres"


Une décade après sa disparition, les tableaux de Mauro commencent, enfin, à se vendre dans les enchères parisiennes. …souvent au dixième du prix qu’ils atteignent chez Sotheby à New-York.

Christine continue à veiller sur la famille Meijaz, A son instigation, une association Loi 1901 a été constituée, destinée à promouvoir tous les arts, et dont le siège, évidemment est la grande maison de l’Oise. Une indomptable cette petite Christine !

mardi 16 février 2010

chats-amis


Je viens de recevoir cette photographie de Manoela.
Il s'appelle Mimo.
Rentré ce matin à 6 heures de sa tournée nocturne, il s'est endormi sur les havaianas que notre amie avait abandonnées à l'entrée de sa maison...

samedi 13 février 2010

Une municipalité sous la loupe!

L'époux, fidèle lecteur du mensuel "Le Monde Diplomatique - Brasil", a attiré mon attention sur l'article suivant :

Tout allait pour le mieux à Maringá, ville de 335.000 âmes qui prospérait dans l’Etat de Paraná (sud du Brésil), avec un revenu :par habitant parmi les plus hauts du pays. Mais au début des années 2000, fut découverte la gestion catastrophique de la municipalité, accusée d’avoir détourné des coffres publics environ 57 millions de Reais (aujourd’hui environ 23 millions d’euros).

Alarmés, des citoyens formèrent en 2006 une ONG destinée à superviser les comptes publics pour tenter de mettre fin à la gabegie. Mission accomplie ! Cette association, à laquelle se sont joints bientôt des fonctionnaires publics, des entreprises, des représentants des universités, a réussi en 3 ans à assainir la situation, à mettre son grain de sel là où le bât blessait (surfacturations démesurées dans les achats de médicaments, appels d’offres truqués dans les chantiers de la ville, etc..). Des entreprises qui autrefois ne jugeaient même pas bon de se joindre aux appels d’offre, estimant, à juste titre que les dés étaient pipés, sont revenues sur la scène, faisant baisser considérablement le coût des projets. Les économies ainsi réalisées au cours de ces trois années (quand même 40 millions d’euros rien que pour 2009 !), ont été investies dans la réforme des écoles et l’augmentation du nombre des éducateurs, la création de douzaines de centres du 3ème âge, etc…
Cette initiative citoyenne a créé des émules : des institutions similaires sont déjà à l’œuvre dans 41 villes brésiliennes…Gare aux dépenses inconsidérées ! (1)

(1) A l’exemple de Florianopolis, florissante cité balnéaire de l’Ile de Santa Catarina, qui fit appel à une entreprise pour construire un arbre de Noël… Coût de l’opération, 1, 5. millions d’euros….

Source : « Le Monde diplomatique – Brasil », Dirceu Herrero Gomes, journaliste et écrivain. Illustrations de Santiago.

lundi 8 février 2010

Casa

Aujourd’hui, je vous découvre mon antre personnelle du premier étage, le petit bureau mansardé où je passe plusieurs heures par jour.



Cette pièce était la chambre de la petite fille de la famille qui habitait la maison. Et j’ai choisi d'en conserver la décoration naïve : elle s’harmonise avec nos tableaux du Guatemala…



A noter que je cohabite avec notre collection de tissages mayas, qui reposent paisiblement dans cette grande armoire...


Une petite particularité : mon bureau possède un meuble faisant office de paratonnerre ; c'est en effet sous le canapé que Charlie-chat se réfugie dès les premiers grondements annonciateurs de l'orage!

vendredi 5 février 2010

Povo da noite

"On doit s'endurcir mais ne jamais perdre la tendresse " (1)

Il y a quelques jours, nous avons eu la visite de Hamilton Pereira da Silva (en littérature Pedro Tierra). C’est toujours un grand plaisir, je dirais un honneur, de rencontrer cet homme cultivé, souriant, chaleureux, profondément humain, malgré toutes les épreuves qu’il a traversées. Vous savez, ce genre de personne que nous avons l’impression de connaître depuis toujours, bien que nous ayons fait sa connaissance grâce à notre ami Ruy Rodriguez da Silva (2) peu de temps après notre installation à Goiânia.

A l’occasion du 30ème anniversaire de l’amnistie générale décrétée par le Brésil mettant fin à la sombre époque de la dictature militaire et ayant permis à tous les exilés de rentrer au pays, vient de paraître cette réédition des poèmes de Pedro Tierra , sous le titre « Poèmes du Peuple de la Nuit », édition pour ne pas oublier. La plupart des poèmes ont été écrits durant ses 5 années de détention. Le témoignage d’un rescapé, un véritable chemin de croix dont chaque station est un poème dédié à la mémoire de ses amies et amis, de ses compagnons de lutte, exécutés dans les années 70.

Dans l’ouvrage, préfacé par l’Evêque Casaldáliga – qui avait fait publier en Espagne les poèmes de Pedro alors que celui-ci était encore prisonnier – figurent également des textes des éditeurs (allemand, italien, espagnol, etc..), de critiques littéraires, de professeurs d’Université. Notre ami, en nous remettant son livre qu’il avait déjà dédicacé, nous l’ouvrit tout content à la page 197 pour nous montrer un article intitulé « Pedro Tierra, um poeta engajado ». L’auteur ? Yvan Avena…lequel était ému et n’est pas peu fier de se retrouver en si bonne compagnie…

(1) "Che" Guevara, citation reprise dans le livre de Pedro Tierra
(2) Ces deux Silva n’ont aucun lien de parenté, sinon ceux d’être
« pays » car nés dans le Tocantins. et d’avoir été victimes de la répression militaire, Ruy, lui ayant dû s’exiler pendant 20 ans.

mardi 2 février 2010

Lever

Non, nous ne sommes pas à Goiânia! Et le fond de l'air devait y être plus frais!
Ce lever de soleil qui paraît embraser la prairie a été pris ce matin à 8 heures dans l'Aveyron... Merci les amis de là-bas...

lundi 1 février 2010

Cabochard

J’ai parfois besoin de renouveler mon stock d’eau de toilette. J’ai trouvé dans un
« shopping » (c’est le terme brésilien !), une parfumerie ayant un grand choix de produits français. La boutique est tenue par une petite, volumineuse et sympathique Brésilienne d’origine italienne, dont la famille – qu’elle est allée visiter il y a quelques mois – est établie au bord du Lac de Côme. Depuis que je lui ai raconté avoir séjourné jadis une semaine sur les rives de ce beau lac lombard, dans la famille italienne d’une de mes amies, (Carla, qu’es-tu devenue ?) j’ai l’impression d’être la cliente favorite de ma parfumeuse : accueil VIP, réductions de prix significatives, petits cadeaux, etc…

La semaine dernière, elle m’a triomphalement proposé ce joli flacon que j’étais loin de penser trouver à Goiânia :

« Cabochard » de Grès. Des fragrances épicées (ylang-ylang, patchouli, bergamote, entre autres), un peu oubliées, assez entêtantes et aussi désuètes que Madame Grès elle-même. Qui se souvient encore de cette grande dame de la Haute-Couture française, célèbre par son éternel turban, ses fameux plis et ses drapés majestueux ?

Comblée d’honneurs et de décorations (Présidence de la Chambre Syndicale de la Haute Couture, Légion d’Honneur, Dé d’Or, etc..) Mme Grès, fut néanmoins déclarée en faillite dans les années 80, et sa Maison dépecée. Elle se retire sur la Côte d’Azur où elle décède nonagénaire dans le plus complet anonymat en 1993. Après maintes tribulations, les parfums sont maintenant élaborés en Suisse par un homme d’affaires français, et la griffe Haute Couture a été reprise par un groupe nippon (sic !)


A noter que Madame Grès - de son vrai nom Germaine Krebs, Grès étant le nom d'artiste de son mari sculpteur - encensée puis malmenée par la France, est considérée par les étrangers comme un des 5 grands noms de la Haute Couture mondiale.

Son fameux pli est resté dans la profession comme « le pli Grès »…